Des treize enfants de Joseph Marion du Landa et Lucrèce Reignard, notaire, procureur de la juridiction du comté de Rieux à Peillac et procureur fiscal du Brossay (Saint-Gravé), Sénéchal de Catelan, deux d’entre eux ont laissé “des traces“ : Pierre devenu notaire royal à Redon, et surtout Guillaume-François, le plus jeune des fils, dont cet article retrace l’histoire.
Pierre Marion (1699 - 1746)
sieur du Landa (Peillac), notaire royal à Redon et la Capitation de 1739 pour la paroisse de Glénac
Pierre, devient notaire royal à Redon. En 1739, il est mandaté pour établir le rôle de répartition des sommes que doivent payer tous les habitants et contribuables d’une paroisse. Pour la
Capitation de 1739, le mandement lui a été confié aidé en cela par les huit égailleurs et notables nommés à cet effet par délibération du général de Paroisse (Thomas Méaude, François Marchand,
René Piljean, Julien gautier, Mathurin Boudard, Guillaume Jagu, François Pèlerin, Jan Méaude)
Le premier paroissien du répertoire de la Capitation de Glénac (pour la frairie de Branfereuc) est : Jan Drujon, métayer à la Gaudinaye, pour une somme de 5 sols. Cette Capitation sert également
à subvenir aux frais engendrés pour la solde, l’habillement, l’armement et l’entretennement des Milices, à payer les fourages, ustensiles, casernements des troupes etc.
(le calcul est fait sur la base de 21 deniers pour une livre de revenu).
Guillaume François Marion du Mersan (1718 - 1821)
Le fait qu’à son patronyme “Marion“, Guillaume-François y accole celui de “du Mersan“ (Dumersan) s’explique ente autre par sa filiation maternelle, à laquelle se rattachent les “Dumersan“ de Saint Gildas des Bois et de Pontchâteau (voir tableau ci-dessous).
Deux frère et sœur de sa mère, Lucrèce Regnard : Pierre et Louise, n’ont pas eu de descendance. Les parrain et marraine de Pierre et Louise Regnard étaient Anne Dumersan et François Dumersan, sr de Boistregat.
Nicolas Reignard, le père de Lucrèce, donc le grand-père de Guillaume-François Marion Dumersan, était présent à l’inhumation de Anne Dumersan. L’épouse de Nicolas Reignard, Victoire Symonin, était la belle-sœur de Julienne Dumersan mariée à Jean Symonin.
D’autre part, Renée Perion, marraine de Pierre Marion (frère aîné de Guillaume-François), était l’épouse de Jan Dumersan.
Beaucoup de liens (parrain et marraine) existent entre les Dumersan et les Regnard et par conséquence avec les Marion du Landa. il y a sans doute eu du fait que plusieurs enfants Dumersan et Regnard sont morts jeunes ou n’ont pas eu de descendance, au moment des successions, un transfert d’héritage des “Dumersan“ vers Lucrèce Regnard et par répercussion, vers Guillaume-François Marion qui aurait hérité de “Terres“ Dumersan, et dont il aurait associé son patronyme.
Les Marion, sieur de la Sente, à Glénac
Représentés par René Marion, sr de la Sente et de la maisonneuve, marié (avant 1646) à Anne Frementyer née aux Fougerêts en 1629. Anne Marion, leur fille née le 24 avril 1646, se marie le 17 février 1661 à Malestroit à Yves Jean Moro né le 9 janvier 1647. Il est seigneur de Garniguel, du Prassay, et vicomte de Maugremier (à voir avec la famille de Quelen). Anne Frémentyer, l'épouse de René marion, est la fille de Louis Frementyer et de Michelle Audierne. Louis Frémentyer est déclaré comme "marchand d'Anjou" (nom qui désigne la généralité des vins dont les crus ne sont pas récoltés dans le pays). Dans la paroisse des Fougerêts, on l'appelle "Mr. Fromentière". Il habite au Pont d'Oust et il a comme voisin François Le Berruyer, juge au tribunal et sénéchal de Rieux à Peillac qui lui-même habite la maison des Noës. La famille Frementyer s'agrandit (il y aura sept enfants) et sa demeure ne peut plus en accueillir autant qu'il le voudrait (il habite alors la Touche). François le berruyer est parent de la famille de Bois brassu dont l'héritière de la Motte est Hélène de Carheil). Celle-ci, traverse une période de difficulté d'argent et est amené à vendre le manoir et la propriété de la Motte. Et l'acquéreur en sera Louis Frementyer. Un de ses fils (Pierre Frementyer), est avocat au Parlement de bretagne et vient faire baptiser aux Fougerêts un enfant âgé de plusieurs mois. et selon le chanoine Jean-Marie Royer l'auteur de "Miettes d'histoire" (chronique sur l'histoire de la paroisee des Fougerêts), il s'avère que dans l'acte de baptême, toutes les dates sont fausses. Il s'agit peut-être de Jean Baptiste Frementyer baptisé le 22 février 1665 aux Fougerêts dont le parrain est noble homme Jan Frementier, sr de la Motte et la marraine dame Anne Marion, dame vicomtesse de Maugremier (fille de René Marion). Ceci, illustre bien les liens entre les Marion de Glénac et Peillac à travers les alliances avec les Frementyer.
Bénédiction de la chapelle du Haut-Sourdéac à Glénac le 28 mai 1751, par Simon Le Prévost de Bourgerel,chanoine de la cathédrale de Rennes
Guillaume-François Marion du Mersan (1718 - 1801)
écrivain, sur le Marquis de Lassay, vaisseau de la Compagnie des Indes.
Ce dernier né le 4 août 1718 à Peillac. Entre 1718 et 1751, peu d’informations sur son personnage. Mais à l’âge de 33 ans, il est commissaire de l’armée française auxiliaire près du roi de
Golconde et agent général de France au Dekkan (Inde). A-t-il eu une formation notariale, qui lui a permis ultérieurement cette nomination de “commissaire“ ? S’est-il engagé dans la Compagnie des
Indes avec l’aide des relations que son père entretenait avec les familles de la Landelle, dont certains ont occupé des postes de capitaine dans cette Compagnie ?
On trouve la trace de Guillaume-François sur un rôle d’armement de la Compagnie des Indes.
Il a alors 28 ans.
En mai 1748, Guillaume-François embarque à Nantes, en qualité d’écrivain, sur un vaisseau de la Compagnie des Indes le Marquis de Lassay. C’est un navire de 900 tonneaux, 28 canons, de 146
personnes dont 8 officiers majors, 10 officiers mariniers, 5 officiers non mariniers, 69 matelots, 38 novices et volontaires, 16 mousses. Construit et armé à Nantes, Le Marquis de Lassay
rejoint Lorient où se poursuit l’armement avec nouvel embarquement de 28 hommes d’équipage et 27 passagers. Le navire quitte les côtes bretonnes le 27 juillet 1748 pour l’Inde avec une escale au
Brésil. Le 12 mars 1749, Guillaume-François débarque à Pondichéry, soit neuf mois et 18 jours de traversée.
En 1751, Guillaume-François Marion se lie d’amitié avec Charles Joseph Patissier de Bussy. Cette rencontre va être déterminante pour les années à venir. Il va, en effet, devenir commissaire de
l’armée auxiliaire et agent général de France au Dekkan auprès de Charles Joseph Patissier de Bussy qui lui, deviendra gouverneur général de l’Inde Française et nabab des Sarkhars.
Le 6 avril 1779, il se marie à Marie-Françoise Darmezin. Elle a 21 ans et lui 60 ans, ils habitent Paris, paroisse du Roulle. Marie-Françoise donne naissance à Théophile en avril 1780, et leur
fille Pauline nait en juillet 1789. Guillaume François Marion décède en 1801.
Le Marquis de Lassay
Au service historique de la marine à Lorient, se trouvent les informations concernant le Marquis de Lassay, vaisseau de la Compagnie des Indes armé à Nantes le 24 mai 1748 pour Lorient et parti de Lorient le 27 juillet 1748 pour Pondichéry. Le navire a fait naufrage le 24 avril 1749, peu de temps après son arrivée à Pondichéry.
Le nom Marquis de Lassay fait référence à Armand de Madaillan de Lespare, marquis de Lassay né le 28 mai 1652 et mort le 21 février 1738. Il fut l’aide de camp du Grand Condé en 1672 ; homme de
lettres, ami des libertins. Il fit la connaissance de madame de Maintenon lors des salons que tenait son époux, le poète Scaron. Familier des princes de Condé et Conti, il partit avec eux en
Autriche défendre Vienne de l’attaque de l’Empire Ottoman, sans l’autorisation de Louis XIV. Sa vie fut assez agitée : ses aventures défrayèrent la chronique et le firent surnommer «le Don Juan
du Grand Siècle». En 1688, il alla servir en
Allemagne et en Flandres comme simple volontaire. Il s’adressa à Madame de Maintenon et finalement il obtint le titre d’aide-de-camp du roi et assista en 1691 au siège de Namur et fut blessé. En
1696, il épousa mademoiselle de Chateaubriand, fille bâtarde du Prince de Condé. Léon, un des fils de Armand de Lassay, eut des relations avec Louise Françoise de Bourbon (Mademoiselle de Nantes,
fille naturelle de Louis XIV et de Madame de Montespan). Devenue veuve, aidée et conseillée par son amant le marquis de Lassay elle fait fortune grâce au système de Law. Elle fait bâtir l’hôtel
de Lassay entre 1726 et 1730 (actuelle résidence du Président de l’Assemblée Nationale et mitoyen du Palais Bourbon).
Cette proximité des princes et princesses de la famille royale, les fortunes acquises avec le système Law ont sans doute été pour quelque chose pour que ce vaisseau de la Compagnie des Indes
porte le nom du Marquis de Lassay.
Extrait du rôle d'armement du Marquis de Lassay en Mai 1748 à Nantes
Rolle d'équipage du navire le Marquis de Lassay de Nantes du port de neuf cents tonneaux, armé de vingt-huit canons, percé pour quarante deux. Tirant d'eau chargé vingt-trois pieds, tenon chargé quinze pieds, deux ponts à deux gaillards et appartenant à la Compagnie des Indes, armé à Nantes par le sieur Nicolas Bertrand sous le commandant de S. Pierre Viau pour aller à Lorient et aux Indes, avec deux mois d'avance, qui doivent courir du jour de la sortie ond. bâtiment de cette rivière.
Officiers Majors
• le sieur Pierre Viau de Nantes capitaine 43 ans, 400 livres
• François Sauvaget de Nantes 1er lieutenant 26 ans, 240 livres
• Jean René Siochan de Morlaix 2e lieutenant 32 ans, 180 livres
• Nicolas Allard de Nantes 1er enseigne 22 ans, 150 livres
• Jean Olivier du Pavillon de Nantes 2e enseigne 19 ans, 100 livres
• François Marion du Mersan de Vannes écrivain 28 ans, 100 livres
• Le Révérend Père Ambroise Gullugher, religieux dominicain, aumônier, 90 livres
• Jacques Girard de Fontenay-le-Comte 25 ans, chirurgien, 120 livres
soit : 1380 livres
Suivent :
Les officiers mariniers, 786 livres
Les officiers non mariniers, 314 livres
Les matelots du département de Nantes, 478 livres
Les matelots département de Noirmoutier et de Saint-Gilles, 2154 livres
Les matelots départment de Saint-Malo, 3776 livres
Les matelots département de Vannes
Les matelots département de Quimper, 4848 livres
Les Novices département de Nantes
Les novices département de Saint-Malo
Les novices département de Vannes
Les novices département de Quimper............ total 6754 livres
Les Mousses département de Nantes
Les Mousses département de Saint-Malo
Les Mousses département de Vannes
Les Mousses département de Quimper........ total 225 livres
L'écrivain
L'écrivain fait partie du personnel auxiliaire, c'est un proche collaborateur des officiers. Il est chargé de la tenue des registres durant la campagne concernant non seulement l'équipage, mais aussi la gestion des vivres. Il écrit dans ses registres, pour suppléer aux maîtres et capitaines navires marchands, les états de : cargaison, agrès, apparaux, armes, munitions et victuailles du vaisseau, les marchandises qui seront chargées et déchargées, le nom des passagers, le fret ou colis par eux dû, le rôle des gens de l'équipage, avec leurs gages et loyers, le nom de ceux qui décèderont dans le voyage, le jour de leur décès, et s'il est possible la qualité de leur maladie et le genre de leur mort, les achats qui seront faits pour le navire depuis le départ et généralement tout ce qui concerne la dépense du voyage. Recrutés principalement dans les provinces maritimes de la Bretagne (68,4 %), les écrivains étaient enrôlés au gré des expéditions, ne réalisant bien souvent qu'une seule campagne avant de trouver un autre emploi dans la marine, l'épée ou encore la plume.
Articles de l'écrivain
Embarqué comme écrivain, François Marion Dumersan dispose de divers objets spécifiques au même titre que ceux dont disposent le maître d'équipage, le voilier, le canonnier, le capitaine d'armes, l'armurier, le charpentier, le calfat, l'aumônier, le chirurgien, l'apothicaire, le tonnelier, pour assurer cette charge dont : pots d'encre, bouteille de terre pour encre, canifs fins, cire d'Espagne, cornets de plomb, crayons en bois, aunes de Nompareille, mains de papier à Etats, à la Telliere, commun, plumes à écrire, portefeuille de carton papier au grand retint, registres, coffres fermant à clefs, balance. Mais cette liste est presque dérisoire si on la compare à les liste d'articles à l'usage de l'apothicaire par exemple.
Charles-Joseph Pâtissier de Bussy