Pendant plus d’une décennie, les actes d’état civil ont adopté un nouveau calendrier appelé le calendrier républicain. Instauré à l’automne 1793, ce calendrier s’inscrit dans une histoire plus large de la république. Il plonge ses racines dans l’été 1789 et disparaît le 1er janvier 1806.
1789, tout le monde les a étudiés à l’école primaire, les cahiers de doléances qui ont permis aux français d’exprimer leurs vœux. Juin 1789, les députés du tiers-état et d’une partie du clergé se réunissent en Assemblée Nationale. Un mois plus tard, la Bastille est prise et la révolution lancée.
1792, au sein de la Convention, l’assemblé nationale, le comité de l’instruction publique planche sur le nouveau calendrier. Il mettra presque
une année pour présenter son projet le 20 septembre 1793. Il est adopté le 5 octobre suivant. Un des membres du comité, le poète Fabre d’Églantine souhaitait y faire l’éloge de la nature. Les
mois qu’il crée renvoient au climat, brume pour Brumaire, neige pour Nivôse…aux cultures, vendanges pour Vendémiaire, fruits pour Fructidor… Plus élaboré encore : les mois sont rassemblés en
4 saisons. Le poète explique : « les mois qui composent l’automne ont un son grave et une mesure moyenne (vendémiaire, brumaire, frimaire),
ceux de l’hiver un son lourd et une mesure longue (nivôse, pluviôse, ventôse), ceux du printemps un son gai et une mesure brève (germinal, floréal, prairial), ceux de l’été un son sonore et une
mesure large (messidor, thermidor, fructidor) ».
Les 12 mois de 30 jours sont divisés en
3 décadi et 5 jours appelés « sansculutides » puis plus simplement « jours complémentaires » sont ajoutés à la fin de l’année.
Le nouveau calendrier bouleverse les habitudes surtout à la campagne. Les repos du dimanche, les fêtes religieuses, les foires et marchés continuent d’être respectés. Seuls les actes d’état civil
et tous les autres actes établis par les fonctionnaires le sont avec le calendrier républicain.
26 juillet 1800 ou 7 thermidor an VIII, son respect obligatoire est limité aux seuls fonctionnaires, 2 ans plus tard, le repos dominical est rétabli. 1er janvier 1806, le calendrier
grégorien, toujours utilisé de nos jours, est rétabli par Napoléon 1er.
Nous allons voir comment les officiers d’état civil de notre commune l’ont progressivement utilisé.
Le mariage de Michel Tastard et Marie Bouchard le 17 septembre de l’an de grâce 1792 est le dernier acte sans mention au nouveau calendrier républicain
Le 26 septembre, 9 jours plus tard, l’officier municipal Joseph Géhénneuc mentionne « l’an quatre de la liberté, l’an premier de légalité de la république ».
Le douze décembre de l’an de grâce 1792, Augustin Guimard maire précise « le premier de la république française ».
8 nivôse an XIV (29 décembre 1805) de la république est signé le dernier acte, celui de la naissance de Joseph Texier à la Corblaie.
Le 7 janvier 1806, c’est le retour définitif du calendrier grégorien pour la naissance de la petite Louise Coyac, acte établi par le maire Jean Cheval.
Le 27 juillet de l’an de grâce 1792 le décès de Marie Delattre est le dernier acte sans mentionner le nouveau calendrier républicain. Il est signé par Fleury R, le prêtre ?
Le 3 octobre 1792, l’acte de décès de François Lainé, laboureur, mentionne « l’an quatre de la liberté, l’an premier de la république française ». Il est rédigé par Daniel, officier public.
La Chapelle-Gaceline fait partie de la commune de Carentoir. Elle ne deviendra commune qu’en 1874. Il faut donc rechercher les actes dans les registres carentoriens et y trouver des habitants de La Chapelle.
Le 3ème novembre mil sept cent quatre-vingt-treize, l’an second de la république, l’officier public de municipalité de Carentoir rajoute « une et indivisible » lorsque Vincent Métayer, laboureur à la métairie du Bochet vint déclarer la naissance de sa fille Janne Mathurine.
Enfin, le 18 décembre 1793, le calendrier républicain peut régner en maitre : « le dix-huit frimaire de l’an second de la république une et indivisible, nous julien Brenugat officier public de la municipalité de Carentoir (…) Mathurin Renaud laboureur de la Béridaye en la Chapelle Gaceline sous la commune de Carentoir, » vient déclarer la naissance de son fils Robert.
Comme les autres communes, Carentoir revient au calendrier grégorien dès le 1er janvier 1806. Le 1er acte concernant La Chapelle est l’acte 147 du 26 janvier 1806 de naissance de « Marie anne Vaillant née le jour d’hier à la ville Erma, fille de Jean et anne Durand, mariés, laboureurs… »
La Gacilly, commune républicaine, a donc faire preuve d’une plus grande célérité dans la mise en œuvre du calendrier républicain que ses voisines. Elle l’applique dès le 26 septembre 1792. Glénac suit de quelques jours le 3 octobre 1792. Carentoir fait de la résistance et ne l’applique qu’à partir du 27 mai 1793.
Jean Yvon CASTEL, Adjoint Culture et associations
article publié en février 2022 dans le périodique Au fil de l'Actu