Lazare Lagrange, soldat citoyen, engagé volontaire pour défendre les idées révolutionnaires de 1789, mort à La Gacilly en 1795.

Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre au Saint-Empire. Pour pallier l’émigration des soldats et des officiers de l’armée de l’Ancien Régime ainsi qu’à la suppression des milices provinciales en 1791, le pouvoir fait appel aux volontaires pour défendre le territoire.

Le 11 juillet 1792, il déclare la patrie en danger et la levée en masse le 2 mars 1793. Les premiers bataillons se forment dans les départements frontaliers ou les plus peuplés. En juillet 1792, la levée concerne tous les départements. Il est recruté 50 000 volontaires pour porter l’armée à 450 000 soldats. 

Les volontaires (lesdits “volontaires“ sont, en grande partie, des hommes qui ont été réquisitionnés et contraints, par la force, de partir) sont recrutés par département et répartis en bataillons de 8 à 10 compagnies de 50 hommes et 3 officiers. Pour la Côte d’Or, 4149 hommes  de 18 à 40 ans sont recrutés et répartis. Mais des manifestations, des pétitions et des incidents organisés par beaucoup de jeunes gens des campagnes, eurent lieu à Beaune, Autun, Arnay-le-Duc, Semur-en-Auxois… du fait d’un certain arbitraire ressenti lors des recrutements.

Le contingent de recrutement pour Beaune était de 66 hommes. Les campagnes bourguignonnes n’avaient pas manifesté un grand enthousiasme pour cette levée en masse. Qu’en est-il de la décision de Lazare Lagrange ? Quand a-t-il été recruté à Saulieu ?  Volontaire ou réfractaire ?

Lazare LAGRANGE, intègre le 4e bataillon de la Côte d’Or formé le 1er septembre 1792 à Belfort. Ce bataillon sert dans le Palatinat, est présent au siège de Mannheim en 1794, envoyé ensuite au siège de Mayence (janvier-octobre 1795).

Lazare LAGRANGE se retrouve incorporé par la suite au 6e bataillon de la Côte d’Or.

Mais à partir de quelle date ?

Le 6e bataillon de la Côte d’Or est formé le 24 octobre 1792. En janvier 1793, le bataillon est à Paris (Courbevoie), puis se dirige vers Cherbourg le 3 février 1793.

Son lieutenant-colonel demande le 14 mars 1793 l’envoi de 250 nouvelles recrues pour compléter ses effectifs. Le bataillon est envoyé par la suite en Vendée. Il participe ensuite à La défense de Fougères (31 octobre 1793) où il subit de lourdes pertes, puis Ernée le 2 novembre 1793 (la ville est prise par les Vendéens venus de Mayenne). Le commandant en chef  du 6e bataillon était l’adjudant général Brière sous le commandement supérieur du général Peyre, commandant le département de la Manche.

Le 6e bataillon était composé de 8 compagnies de 476 hommes, d’une compagnie de grenadiers de 52 hommes et d’une compagnie de canonniers de 52 hommes. Soit au total 580 hommes. Un état-major de 26 officiers, de 51 sous-officiers, 9 tambours, 390 fusiliers.

 

Des citoyens de tous les âges apprenant l'exercice

 

Le 109e régiment d’Infanterie

Dans l’historique des corps de troupe de l’armée française (1569-1900), on peut suivre la création du 109e régiment d’infanterie et sa filiation.

À l’origine, c’est un régiment de la Martinique et de la Guadeloupe créé en 1772. Régiment colonial formé de détachements des régiments de Bouillon, de Périgord, de Médoc, de Limousin, de Vexin et de Royal-Vaisseaux. En 1778, prise de la Dominique, en 1779, prise de Saint-Vincent, attaque de Savanah, la Grenade, Morne de l’Hôpital. En 1780, campagne navale des Antilles.

En 1792 les régiments de la Martinique et de la Guadeloupe “fusionnent“ pour former le 109e régiment d’infanterie qui lui-même sera dissous en 1795. Le 1er bataillon sert à former la 193e demi-brigade de Bataille, le 2e bataillon formera la 194e demi-brigade de Bataille commandées par les colonels Michon et Feydieu.

Dans la campagne 1792-1793, font partie de l’armée des côtes et sont présents aux combats de Nantes, Montaigu, Cholet. En 1794, font partie de l’armée de Moselle. Présents, entre autres, à la prise de Trèves en Allemagne.

La 109e demi-brigade de Bataille (1794-1796), est formée du 1er bataillon du 55e régiment d’Infanterie (ex-Condé) et de deux bataillons de volontaires de Seine-et-Oise et de Rhône-et-Loire qui deviendra la 31e demi-brigade de ligne. Les chefs de brigade en étaient Barbas en 1794, Michel en 1794 et Laval en 1795.

En 1794-1795, elle fait partie de l’armée de Rhin et de l’armée de Rhin-et-Moselle. Elle participa au siège de Mayence le 30 décembre 1794.

Elle devient la 109e demi-brigade d’infanterie de ligne en 1796 et participe avec l’armée de Rhin-et-Moselle et l’armée d’Allemagne aux combats de Kehl, Wilstett, Appenweir, Renchen, Ettlingen, au siège de Kehl, Benchen.

 

“Dès le début de 1793, La Gacilly est devenue un poste militaire. Elle a sa petite garnison de républicains que renforce une garde nationale plus dévouée que nombreuse. Cette première garnison de 45 hommes venue à La Gacilly appartient au 109e Régiment d’Infanterie de Rouen qui a laissé une triste réputation par ses déprédations, ses brigandages et ses crimes, faits rapportés par J.M. Seguin dans le compte-rendu qu’il fait de l’attaque de La Gacilly par les Chouans…“

Voir “Histoire de La Gacilly“ de Jean Claude Magré (p. 379)

C’est dans ce contexte que Lazare Lagrange s’est retrouvé en garnison à La Gacilly où en 1795, il était capitaine des grenadiers du 6e bataillon de la Côte d’Or, lorsqu’il décède le 23 novembre 1795 (2 frimaire an IV). Le registre des décès précise qu’il est mort dans la maison de la veuve Joubier, demeurant en cette ville. Aucune précision quant aux circonstances de sa mort : maladie, assassinat, tué par les chouans ?

Quatre soldats de sa compagnie, vont signer la registre des décès : Chanminot, lieutenant, 27 ans, natif de Châtillon-sur-Seinte dans le département de la Côte d’Or, Carnet, sergent-major, 22 ans, natif de Cléné du district de Dijon ; Pierre Meneuz, caporal, 20 ans, natif de Saint-Omer, district de Lizieux dans le Calvados ; Jean Canap, grenadier 26 ans, natif de Coraline, district de Semur-en Auxois en Côte d’Or. Pierre Roussel, officier d’état-civil signe également l’acte de décès

Des citoyens galiciens ont été tués par les Chouans : Joseph Marie Seguin, Jean Marie Sero, Jean Geffroy, tisserand, Jean Poligné, couvreur, Olivier Sero, charon, mais en février et mars 1796.

Lazare LAGRANGE est dit dans l’acte de décès du 2 frimaire an IV, originaire de Saulieu, province de Bourgogne.

Quelques recherches aux Archives départementales de la Côte d’Or et à Saulieu, vont préciser son profil.

Lazare dans son acte de mariage du 10 mai 1791, est dit menuisier âgé de 37 ans. Son père Jean, décédé avant 1791, est tailleur d’habits. Sa mère est Marie Bobin sans aucune précision de date.

Sa femme est Anne Lafitand, majeure à son mariage, née vers 1770.

Le couple aura deux filles jumelles Françoise et Marie nées le 10 mars 1792 à Saulieu. La première décède le 11 août 1794 âgée de 2 ans et 5 mois.

Les parents de Anne sont François Lafitand, chirurgien, décédé avant 1792, et Jeanne Bertrand.

Jeanne Bertrand a deux frères. Le premier René Bénigne né en 1717. Il est dit “ex capucin“ sur son acte de décès du 7 août 1797 à Saulieu. Le second Denis Claude né vers 1723. Il est dit “brigadier dans la gendarmerie nationale“. Au mariage de sa fille Catherine (x 10 brumaire an VII à Saulieu), il est maréchal des Logis de la gendarmerie nationale en station au dit Saulieu.

Les parents de Anne sont François Lafitand, chirurgien, décédé avant 1792, et Jeanne Bertrand.

Jeanne Bertrand a deux frères. Le premier René Bénigne né en 1717. Il est dit “ex capucin“ sur son acte de décès du 7 août 1797 à Saulieu. Le second Denis Claude né vers 1723. Il est dit “brigadier dans la gendarmerie nationale“. Au mariage de sa fille Catherine (x 10 brumaire an VII à Saulieu), il est maréchal des Logis de la gendarmerie nationale en station au dit Saulieu.

Acte de décès de Lazare Lagrange le 2 frimaire an IV (23 novembre 1795) à La Gacilly

Acte de mariage du 10 mai 1791 à Saulieu (Côte d'Or) de Lazare Lagrange et Anne Lafitand

Fils de défunt Jean Lagrange, tailleur d'habits et de Marie Bobin

Tableau d'ascendance/descendance de Lazare Lagrange

L'équipement d'un soldat:fantassin se compte de :

  1. un Habit
  2. une veste
  3. deux culottes
  4. deux paires de bas
  5. deux paires de souliers
  6. trois chemises
  7. deux paires de guêtres (une noir, une grise)
  8. un chapeau (ou casque)
  9. un sac de peau
  10. un sac à distribution
  11. une caisse
  12. deux colliers (cols)
  13. une baguette
  14. un bonnet de police
  15. une couverture
  16. trois brosses
  17. deux peignes
  18. un fusil avec tire-bourre (tournevis, baïonnette)
  19. une giberne avec sa banderole

l’armée de Rhin et de l’armée de Rhin-et-Moselle. Elle participa au siège de Mayence le 30 décembre 1794. Le 109e régiment d'infanterie (dont Lazare Lagrange recruté-volontaire en 1792) en fait partie et participe aux combats à Trèves et Mannheim en 1794.