Le 12 septembre 1547


Ce jour-là, Renée de Rieux-Rochefort communément appelée Guyonne XVIII de Laval, comtesse de Laval et marquise de Nesle, comtesse de Joigny, de Montfort, de Quintin, dame de l’Isle sous Montréal, baronesse de Vitré, vicomtesse de Rennes,

 

...était avec son époux Louis de Sainte-maure en séjour d’itinérance au château de la Forêt Neuve.

 

Nous avons continué et confirmé dans son office et exercice de sénéchal de Vitré notre cher et bien amé conseiller Bertrand d’Argentré. Office qu’il a tenu et exercé de par nostre très honoré seigneur et oncle, Guy, comte de Laval et lui avons octroyé par ces présentes pour l’avoir, tenir et dorénavant exercer et en jouir et user tant qu’il nous plaira, aux honneurs, autorité, prérogatives, prééminences, franchises, libertés, gages, droits, profits et émoluments accoustumés et qui appartiennent sans qu’il soit pour ce requis faire autre nouveau serment que celui qu’il a fait et presté par cy-devant, ne prendre autre institution, ratification, ne espédition pour la jouissance dudit office et perception desdits gages et droits que celle qu’il a déjà prinses par ces présentes.

 

Auxquelles, en tesmoin de ce, nous avons fait mettre notre seel.

 

Donné à la Forest Neusve, le douzième jour de septembre, l’an de grâce MCCCCCXLVVII (1547)

 

 

Renée de Rieux-Rochefort dite Guyonne XVIII de Laval (1524 - 13/12/1567) comtesse de Laval épouse de Louis de Sainte-Maure.

Cartulaire de Laval (1547-1567)

lettre 2618 - 1547, 12 sept. la Forest-Neuve.

 

Provisions par lesquelles Guy XVIII et Renée de Rieux maintiennent Bertrand d’Argentré dans l’office de sénéchal de Vitré (B.N., français, 22342, 233).

 

“Guy et Renée, comte et comtesse de Laval, marquis et marquise de Neelle, comte et comtese de Joigny, de Montfort, de Quintin, seigneur et dame de L’Isle sous Montréal, baron et baronesse de Vitré, vicomte et vicomtesse de Rennes, etc., à tous ceux qui ces présentes verront salut.

 

Sçavoir faisons que, deuement informés de plusieurs bons et loyaux services que de dix ans devers nous a faitz nostre cher et bien amé conseiller Bertand d’Argentré, en l’exercice de l’office de sénéchal de Vitré, voulant par ce le bien et favorablement traiter et luy donner occasion de continuer de bien en mieux à l’advenir, à icelles ; pour ces causes et autre bonnes considérations à ce nous mouvants, lui avons continué et confirmé, continuons et confirmons ledit office de séneschal de Vitré, qu’il a tenu et exercé de par nostre très honoré seigneur et oncle, Guy, comte de Laval, que Dieu absolve, et jusques au jour de son trespas, tient et exerce encore à présent. Et lequel office du tant que besoin seroit et qu’il pourroit estre dit vacant au moyen duquel trespas, luy avons de nouvel donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes pour l’avoir, tenir et doresnavant exercer et en jouir et user tant qu’il nous plaira, aux honneurs, autorité, prérogatives, prééminences, franchises, libertés, gages, droits, profits et émoluments accoustumés et qui y appartiennent sans qu’il soit pour ce requis faire autre nouveau serment que celui qu’il a fait et presté par cy-devant, ne prendre autre institution, ratification, ne espédition pour la jouissance dudit office et perception desdits gages et droits que celles qu’il a déjà prinses par ces présentes.

 

Auxquelles, en tesmoin de ce, nous avons fait mettre nostre seel.

Donné à la Forest Neusve, le douxième jour de septembre, l’an de grâce MCCCCCXLVII (1547).“


 

La source de cette lettre, provenant et transcrite du Cartulaire de Laval, laisse entendre qu'en 1547, Renée de Rieux-Rochefort comtesse de Laval séjourne au château de la Forêt Neuve. Cette date accrédite que la Forêt Neuve était plus qu'un simple relais de chasse et crédibilise sa date de construction à partir de 1511.

 

Un autre document daté de 1513 utilise également le terme “château“ pour la Forêt Neuve au lieu de “relais de chasse“ ou “maison de plaisance“. Il concerne Jean IV de Rieux-Rochefort sur la Réformation du 7 janvier 1513 et la juridiction de Peillac.

Les rapporteurs sont : Jehan Mabon, Éon Méaude, Olivier Danet, Pierre Guyhet, Éon Le Riche, Pierre Boschet, Vincent Mabon, Pierre Prevost, Pierre Salle, Guillaume Le Sourt, Guillaume Hemery et Jouan du Dresit.

 

“ Jehan sire de Rieux Mareschal de Bretagne a en lad. paroesse de Peillac une tenue qu’on appelle la métairie de Penhaleuc (Penhalleuc) quelle tenue tiennent Pierre Morice l’esné et Pierre le jeune, laquelle tene aultrefois et non pas puis LX ans fut tinze par voie de métairie ainsi qu’avons ouy dire et non aultrement. Duquel lieu et tenue lesd. Morice ne poyent jamais fouage, nous ne scavons la cause fors qu’ils n’ont pas esté imposez et que led. sire a puis le temps de LX ans adjouté à ung pré liy appartenant III hommées de pré roturières, et en faict emporter les levées en ung lieu nommé le chasteau de la Forest Neuve en la paroesse de Glenac ou au chateau de Rochefort“

(La noblesse bretonne au XVe et XVIe siècle - René de Laigue) p. 442/443

 

L'utilisation du terme “château“ implique que l'ancien relais de chasse était délabré, en ruine ou bien n'existait plus et a donc été remplacé par une construction nouvelle. 

 

Jean IV de Rieux, fils de François de Rieux et Jeanne de Rohan est seigneur de Rieux, Rochefort, Malestroit, Largouët, Asserac, Ranrouët et Ancenis. Il participe à la guerre du bien public en 1465, devient maréchal de Bretagne en 1470, puis lieutenant général du duc de Bretagne François II. Il se rallie au camp des adversaires du chancelier Pierre Landais et choisit le camp français en 1484, puis hésite entre le camp breton et celui du roi Charles VIII. En 1487, il rallie François II duc de Bretagne.

Il participe à la bataille de Saint-Aubin du Cormier le 28 juillet 1488 en commandant l’avant-garde bretonne mais, à l’issue des combats, le camp français commandé par Louis de La Trémoille l’emporte. 

C’est ce même Jean IV de Rieux qui fait construire à partir de 1511 le château de la Forêt Neuve à Glénac et qui dépend pour son administration de la juridiction de Rieux à Peillac.

Localement, Jean IV de Rieux est représenté par Guillaume Rio, son receveur, sieur de la Cordonnais (les Fougerêts) et grand maître des chasses seigneuriales des Rieux.

Cinq comptes de la chatellenie de Rieux sont déposés par les receveurs à Nozay pour le premier, à Nantes pour le deuxième, et à Rochefort pour les autres entre 1477 et 1494 par Guillaume Rio et entre 1494 et 1495 par Guillaume Rio (le jeune)

Guillaume Maheo sera receveur en 1498, Guillemette Roussel (veuve de Guillaume Maheo) le sera en 1504 et 1505

Un autre receveur, Jean Rio petit-fils de Guillaume Rio, sieur de la Guyondais, sera en 1514 propriétaire de la Hengais (près de Cranhac en Peillac), habite la Cordonnais en 1535.

C’est de cette administration locale des receveurs qu’émane les informations transcrites dans la réformation entre autre du 7 janvier 1513 et qui apportent un éclairage sur les dates et sur l’origine de la transformation d’un “relais de chasse“ en “château“  

Itinérance, séjours et châteaux

 

Selon les évènements, les circonstances, au gré des saisons, les seigneurs et leurs cours sont amenés à se déplacer d’un château à l’autre. Les séjours peuvent être brefs, le temps d’une étape ou d’un évènement. Les motivations sont multiples. 

Ils se rendent sur leurs terres avec leur entourage, serviteurs, bagages et intendance pour contrôler le territoire, gérer leurs affaires, exercer la justice, recevoir les comptes de la châtellenie, chasser le cerf, le sanglier, le loup...

L’itinérance n’est pas toujours voulue et ne se fait pas uniquement dans ses propres châteaux ni sur ses propres terres. Elle peut parfois être la conséquence d’évènements extérieurs : visites princières ou royales... Il est des châteaux où le seigneur ne va que très rarement, ou ne fait que passer.

Les déplacements se calculent en lieues et en jours de cheval.